Je suis un éternel curieux de tous les environnements, avide de parcourir tous les espaces sauvages, mais je suis avant tout un amoureux du froid, du vent, de la pluie (c’est pour cela que l’Islande est mon terrain de jeu favori !). J’aime le froid qui pique les joues, ressentir la chaleur dans mon sac de couchage qui contraste avec la température extérieure, mais j’aime aussi le soleil qui réchauffe la tente au matin. Le froid éloigne d’autant plus les êtres humains, et nous fait sentir privilégiés de se retrouver seuls dans ces grands espaces, où la faune et la flore se développent paisiblement, où la nature peut également paraître plus hostile, mais toujours se montrant sous ses plus beaux atours.
Devenir guide, un rêve d’enfant ?
J’ai grandi près de Paris, mes rêves d’enfant étaient bien loin de la nature. La passion pour l’outdoor est venue plus tardivement, mais une fois qu’elle m’a embrassé, j’y ai investi toute mon énergie et mon temps libre. Devenir guide est un rêve d’adulte qui a grandi lorsque j’ai souhaité réorganiser ma vie pour me consacrer à ce que j’aimais.
Quelle est ton expédition la plus marquante ?
Celle qui a marqué le début de ma vocation d’aventurier. Une petite ascension, qui à l’époque me paraissait un véritable périple ! L’ascension du plus haut volcan de Nouvelle-Zélande, le mont Ruapehu. A l’époque, j’étais jeune et je n’étais pas du tout averti : je m’y étais engagé sans carte, sans repérage de l’itinéraire, sans aucune connaissance de base sur l’orientation, sans lunettes de soleil, sans prévenir personne et en chaussures de course à pied (alors que cela nécessitait du matériel d’alpinisme …).
J’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire. La marche d’approche n’était pas difficile, le sommet à 2700m ne me paraissait pas très haut, pourquoi prendre ça trop au sérieux ? Résultat, j’ai failli me perdre plusieurs fois et chuter à maintes reprises. L’ascension, déjà considérée comme difficile avec l’équipement nécessaire, fut éreintante et dangereuse. Pour parachever le tout, à la fin de la journée, j’avais chopé une ophtalmie des neiges. Je me suis retrouvé aveugle 3 jours, seul dans ma tente, et j’ai mis une semaine à recouvrer la vue totalement.
J’étais jeune, inexpérimenté, c’était la première fois que je me retrouvais aussi loin, et je voulais déjà me lancer dans toutes les expéditions possibles, brûlant les étapes. J’ai omis la préparation, les connaissances essentielles, les règles de sécurité de base. Cette expérience m’a appris l’humilité, la rigueur, la patience.
Depuis je me suis bien rattrapé…
J’en garde malgré tout un souvenir impérissable. Me retrouver seul au sommet de ce volcan actif, au bord de son cratère, le panorama était à couper le souffle. Cela m’a laissé entrevoir qu’avec de d’effort et de l’expérience je pourrai atteindre n’importe quel endroit et m’offrir des points de vue exceptionnels.
J’ai vécu d’autres grands moments d’anthologie, mais ces histoires-là, je vous les raconterai durant nos treks, sinon je n’aurai plus d’anecdotes à vous partager !
J’aimerais que tout le monde ait la chance de découvrir qu’il n’y a rien de plus grisant que de parcourir des immensités sauvages, libres de toute présence humaine. Que les plus beaux paysages se transcendent dans l’effort. Qu’un lac, qu’une cascade, qu’une vue à 360° sur un sommet, sont encore plus majestueux s’ils sont la récompense de plusieurs heures de marche. Que sortir des sentiers battus peut nous offrir des cadeaux pour la rétine. Que l’on peut apprendre beaucoup de soi-même en osant quitter son quotidien, aller vers l’inconnu (en commençant par être accompagné d’un guide pour plus de sécurité…) et en se dirigeant vers de nouveaux horizons.
Aimes-tu te fixer des défis toujours plus fous les uns que les autres ?
J’ai toujours plusieurs idées en tête, des expéditions à faire, des pays à fouler, des envies de voyages, des montagnes à gravir, des espaces sauvages à découvrir. Je ne pourrai jamais tous les concrétiser en une seule vie, et cela me frustre terriblement.
Mes prochains défis à court terme : un premier 7000m dans l’Himalaya, une traversée de la Cordillère blanche au Pérou et une descente en rappel de la plus grande cascade au monde (Salto Angel, 979m, au Venezuela), pour mes 30 ans.
J’aime explorer sans moyen motorisé, à pieds, en vélo, pour prendre le temps et savourer chaque instant.
Quel est ton secret pour garder la forme ?
Escalade, vélo, un régime alimentaire pas trop porté sur la viande, des litres de thé par jour. Une hygiène de vie sans trop d’excès, mais un peu parfois (sauf pour la raclette, ça c’est possible sans modération).
Je marche beaucoup, tous les jours, j’évite les ascenseurs, surtout s’il faut se rendre au 20ème étage. En ville, je suis le genre de mec qu’on déteste quand il s’agit de se rendre à un endroit distant de 2 kilomètres car je vais toujours vouloir y aller à pieds, « c’est tout près ».
Quel est ton plat/repas préféré quand tu rentres après plusieurs jours d’aventure ?
Mon truc préféré au monde ce sont les tequeños (bâtonnets de fromage vénézuéliens). Et ça, si quelqu’un arrive un jour à m’en faire en bivouac, je porte son sac à dos durant toute l’expé !
Sinon comme je suis un grand amateur de thé, ce qui me manque particulièrement le soir et le matin, c’est le très bon thé. La nuit, dans mon sac de couchage, je rêve de thé noir Chaï ou de Rooibos...
Quel est ton modèle/ton inspiration dans la vie ?
Les pionniers, quel que soit le domaine. Ceux qui ont le courage d’oser, le courage de se lancer les premiers dans des aventures jamais entreprises. Ceux qui ont créé des chemins, des voies, conquis des sommets vierges. Je pense particulièrement aux alpinistes de la première moitié du XXème siècle (Lionel Terray, Maurice Herzog, Edmund Hillary, Tensing Norgay …) qui ne disposaient pas du matériel de pointe d’aujourd’hui et qui ont réalisé des exploits.
Et Stanislas Gruau aussi, pour l’ensemble de son œuvre, cet homme semble avoir été touché par le divin.